Le 27/6/13.

L'un des acquittés d'Outreau de retour devant la justice.

Daniel Legrand fils.

Daniel Legrand, 31 ans, acquitté dans l'affaire d'Outreau en 2005, va être jugé devant une cour d'assises des mineurs, a annoncé mercredi 26 juin le parquet général de Douai.

Une association de défense des enfants ainsi que l'une des victimes, Jonathan Delay, se sont portées parties civiles.

C'est un procès qui dort dans les tiroirs de la justice depuis 2003. À l'époque, Daniel Legrand est renvoyé, comme seize autres accusés, devant la cour d'assises de Saint-Omer pour des faits de viols en réunion et agressions sexuelles qu'il aurait commis entre juillet 1999 et mai 2000. Après deux ans et demi de prison, le jeune homme est définitivement blanchi en appel en 2005, ainsi que douze autres acquittés.

Faits commis alors qu'il était mineur

Mais, en 2003, Daniel Legrand avait aussi été renvoyé devant la cour d'assises des mineurs, dans la même affaire, pour des faits similaires, mais commis alors qu'il était mineur, entre 1997 à 1999. Dans ce volet de l'affaire, il n'a jamais été auditionné. « La justice a été saisie pour des faits, elle doit avoir la possibilité de statuer et de dire si l'accusé est coupable ou non. La justice doit être rendue », explique l'avocate Gina Balestreri.

L'avocate représente l'association Innocence en Danger , qui défend les enfants maltraités ou victimes d'abus. Le 12 juin, c'est elle qui a écrit au procureur général de la cour d'appel de Douai pour réclamer la comparution de Daniel Legrand, alors que le dossier est sous le coup d'une prescription qui aurait pris effet le 15 octobre 2013, soit dix ans après le dernier acte de procédure.

« Dans l'affaire Outreau, la parole des victimes n'a pas été entendue, ni par les médias ni par l'opinion publique, il faut que ça change », justifie encore l'avocate.

Colère de la défense de Daniel Legrand

Mais pour Hubert Delarue, l'un des avocats de Daniel Legrand dans le premier procès Outreau, la démarche de l'association est scandaleuse : « Cette procédure n'aura pour conséquence que de démolir un peu plus ce gosse déjà traumatisé. Il y a un certain nombre de personnes mal intentionnées ou qui veulent se faire mousser autour de ce dossier. Elles colportent depuis des mois des rumeurs révisionnistes  sur cette affaire. Au moins, ce procès permettra-t-il de tordre le cou une bonne fois pour toutes à ces théories. »

La crainte d'une « tempête médiatique »

De fait, ce nouveau procès implique de rouvrir tout le dossier Outreau, de réentendre tous les protagonistes de ce qui restera comme un terrible fiasco judiciaire : victimes, témoins, assistants sociaux… Dans un communiqué, le parquet général a d'ailleurs réclamé que le procès ne se tienne pas à Saint-Omer, craignant une nouvelle « tempête médiatique ». La Cour de cassation doit désormais se prononcer sur cette demande. L'association espère que le procès se tiendra en 2014.

FLORE THOMASSET

Source : Le Figaro

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