Tiercé d'Outreau : Cinquième Journée.



Bienvenue Chez Les Dingos !

Cette journée a encore été marquée par l'expression théâtralisée de l'illustre ténor de la défense Eric Dupond-Moretti. Le matin il a fulminé contre les billets assassins d'une certaine Laurence Gratton, polémiste notoire agissant sous le pseudonyme redoutable de 'Caprouille' - et accessoirement témoin des parties civiles. L'après-midi il a "essayé de terroriser" (dixit Lev Forster) Homeyra Sellier, présidente de l'association de protection de l'enfance 'Innocence en Danger'. Tout ceci en vain. Notre pin-up du barreau de Lille a fini par énerver tout le monde, à commencer par le Président de Cour d'Assises Philippe Dary. EDM n'a cessé de voir des conspirationnistes partout, allant jusqu'à y inclure Patrice Reviron, avocat de Jonathan Delay. "Je veux moi aussi tordre le cou aux rumeurs" répliqua ce Reviron, montant au créneau à son tour. Pour sa part, Homayra Sellier a insisté sur "l'effet d'hypnose d'Outreau" et ses retombées funestes en matière de crédibilité chez les enfants victimes d'abus. "Vous savez que les enfants mentent. Souvenez-vous d'Outreau !" Avec une certaine élégance, la dame s'est permis de lancer un mini-fion de représailles en direction d'EDM : "Les adultes mentent aussi - et de façon beaucoup plus élaborée." "Et voilà ! On bafoue la justice !" hurla la bête noire en revanche. Et le reste à l'avenant. Le Parlement de Rennes sentait le roussi. "On est chez les dingos !" exulta EDM. Oui, maître, mais la faute à qui ?

Ce Dupond-Moretti n'est pas vraiment un démocrate. On n'a pas le droit d'être en désaccord avec lui. "Vous êtes fous !" lança-t-il en direction de Laurence Gratton. Mentionnons toutefois que cette dernière n'était pas appelée à la barre pour parler de ses propos polémiques sur le Web, mais pour témoigner de la période entre septembre 2011 et septembre 2013 où trois des quatre frères Delay (Chérif, Dimitri et Jonathan) avaient trouvé refuge sous son toit. On a l'impression que toute personne intervenant en faveur de ces enfants (pourtant reconnus victimes par l'Etat français) doit obligatoirement s'attirer les soupçons - et les foudres - de notre avocat-fétiche. "Vous alimentez la colère et la haine de la personne." C'est le Président Dary qui a prononcé la formule, mais c'est bien EDM qui la lui a soufflée. "Caprouille ? Je préfère Crapouille ! Encore un seul billet comme ça, et je vous renvoie devant le Tribunal correctionnel. Ce n'est pas une menace, c'est une promesse !" enchaîna le ténor. "Mais qu'est-ce qui vous autorise à écrire de telles saloperies ?" Seul le fait de poser une question pareille suppose un manque absolu d'esprit démocratique. La réponse est pourtant simple : c'est la liberté d'expression, concept manifestement étranger à cet homme qu'on affectionne malgré tout. Côté fun, notons que ce qui l'a troublé le plus dans toute cette littérature crapouilloutante est la révélation par Mme Gratton-chroniqueuse de ses lectures intimes aux heures creuses des audiences, à savoir des revues de bateaux, dévorées en toute sérénité lors d'un de ses derniers passages à Rennes. "Je n'ai jamais senti une pression comme ça en vingt ans de carrière ! Qui m'a balancé à propos de cette revue de bateaux ?" C'est quand même un peu bateau, maître. Tout ça pour ça ? "Vous m'avez pourri d'insultes !" Vraiment ? Et en quoi cela peut-il empêcher Mme Crapouille de témoigner sur ses gestes d'humanité envers Chérif, Dimitri et Jonathan ? Quel est le lien ? Aucun, en réalité, puisque de tels propos polémiques n'existaient pas sous le toit de Mme Gratton, ce que la dame avait longuement expliqué auparavant. Le dossier d'Outreau n'existait pas dans les conversations quotidiennes, mis à part lorsque les garçons -très rarement - l'évoquaient. A ces moments-là, on n'était pas dans la polémique, mais dans le cauchemar et l'horreur. Tout ceci était clairement établi avant l'intervention de l'avocat, mais rien n'y fit. "Je ne vais pas parler de moi-même" annonça EDM, pour ensuite ne faire que ça. C'était lassant, à la fin. Et demain ? Recommencera-t-il ? On craint le pire. Mais levons enfin l'ancre et filons vers des eaux moins calmes.

La fin d'après-midi fut intense en émotions. Par visioconférence, Thierry Delay, père violeur et tortionnaire, apparut à l'écran à la prison de Muret (Toulouse). Fini le gros buveur de bière qui terrorisait le voisinage. Quatorze ans après son incarcération en 2001, ce n'est plus qu'une épave, tremblant et balbutiant, amaigri et souffrant de sclérose en plaques, suscitant la pitié plus que la haine. Trois ou quatre fois par semaine il se rendait au sex-shop de la rue des Religieuses anglaises à Boulogne-sur-Mer pour louer des vidéocassettes pornographiques. Aussi, deux ou trois fois par semaine, il violait ses enfants. "Pourquoi faisiez-vous cela ?" "L'alcool." Puis il s'acheta un caméscope. "Pourquoi un tel achat ?" "Pour filmer mes enfants." "Mais, un caméscope, ça coûtait cher à l'époque, non ?" Silence. Bien évidemment, silence. Puisque le deal de Thierry Delay avec ses compagnons-violeurs fut simple : tu ne balances personne, on sera tous acquittés, avec la Myriam vous ferez vos 20 ans et 15 ans de taule, puis, à la sortie, au lieu de vous liquider, on vous fera vivre dans l'aisance. Faux, Mr Dupond-Moretti ? On verra mieux demain, lors de la prestation de la Myriam Badaoui new look. Son parcours, l'incarcération mise de côté, ressemble furieusement à celle de Karine Duchochois. Chez les Ch'tis, on soigne ses pédocriminelles, n'est-ce pas ? Répondons témérairement à l'interrogation de Patrice Reviron par rapport au coût du caméscope. Trop cher pour Thierry Delay - et trop sophistiqué aussi. Mais pas pour Alain Marécaux, l'huissier-maquereau d'Outreau. C'est bien lui qui organisa tout ce trafic de chair fraîche. On ajoute son morceau à lui au puzzle, et tout devient clair. Réseau, vous avez dit réseau ? C'est une certitude. A demain, Miss Myriam !

PRF à Rennes. Mardi 26 mai 2015.

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