Vence

Gabriel Iacono: "C'était mon Dieu et il m'a fait les pires choses"

Publié le mercredi 16 février 2011 à 09h15

Gabriel Iacono à côté de sa mère : « Je voudrais tourner la page mais à chaque fois je reçois un recommandé, une convocation qui m'empêchent de me reconstruire. »

Ré affirmant avoir été « violé par son grand père », le jeune homme raconte les traumatismes engendrés jusqu'à aujourd'hui.

J'adorais mon grand-père. Avec son écharpe bleu blanc rouge, il dirigeait tout le monde à Vence. Une fois, il m'avait emmené à la caserne de pompiers pour un tour de camion. C'était mon Dieu et il m'a fait les choses les plus dégueulasses possibles. »

Au second jour de procès devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône , Gabriel réitère avec force ses accusations. Yeux clairs et traits fins, le jeune adulte longiligne, en jean et tee-shirt noir, a pourtant « regretté d'avoir déposé plainte ». « Les policiers m'avaient dit qu'il me fallait tenir trois ans, j'en suis à onze. Je voudrais tourner la page mais à chaque fois je reçois un recommandé, une convocation qui m'empêchent de me reconstruire. Avant cette audience, j'ai ainsi replongé dans le stress, l'insomnie. Mon fils Mathis (né six mois plus tôt), je n'arrive pas à le voir nu. L'intimité avec mon amie, c'est forcément dans l'obscurité (Amandine, 21 ans, confirme). » En dépression depuis 2003, sa mère Elisabeth sanglote à la barre. « Je m'en veux de ne pas l' avoir protégé ni cru lorsqu'il m'a révélé les faits pour la première fois. »

Pas de trace de secte

« Il n'a pas eu d'enfance », déplore avec autant d'émotion la grand-mère maternelle, Rose-Marie Benett , dont l'accent trahit les origines américaines. Protestante évangélique, cette dame digne et énergique dément avoir jamais appartenu à une secte, comme suggéré par la partie adverse et contredit par l'enquête.

Précédemment, le président Patrick Vogt a énuméré les attouchements et autres sévices imputés à Christian Iacono. A chacun d'eux, Gabriel a hoché la tête, répondu oui d'une toute petite voix. Bien qu'ayant du mal à les évoquer, il est « encore prêt à tout pour faire éclater la vérité, pour qu'on cesse de croire un grand-père manipulateur ». Lequel réagit vivement. « L'enfant m'arrivait là », intervient-il en montrant sa taille. « Comment ai-je pu commettre un acte de pénétration », lance-t-il avec assurance aux jurés. « Essayez, vous verrez bien... » « Ne souriez pas, s 'offusque le président, cela n'a rien de drôle... » Maladroit dans ses dénégations, l'ex-maire de Vence manque-t-il d'empathie envers son petit-fils ? « A l'annonce, en garde à vue, que Gabriel avait été sodomisé, il n'a guère paru affecté », affirme le policier Alain Brunache . « Il n'a demandé aucune nouvelle. Il était comme cela (en se tournant vers lui) jambes croisées... »

L'argument choc de la défense


A côté de son grand-père, Gabriel avait incriminé, pour des actes de moindre gravité, un hôtelier qui a été définitivement acquitté. Dès lors, martèle la défense de Christian Iacono , comment croire un enfant s'étant déjà trompé ? « Plus que des souvenirs sur ce monsieur, explique Gabriel, c'était des flashs apparus à l'occasion de crises. »

« Cet homme vous vous y êtes intéressé de près, au point de l'entendre à neuf reprises ; il a pourtant été blanchi », lance Me Jean-Louis Pelletier à la capitaine Maryse Peyrano . « Sur réquisitions conformes de l'avocat général, complète Me Gérard Baudoux. Cela ne vous pose pas un problème ? »

« Je n'ai pas à commenter une décision de justice » tranche la capitaine.

La tension ne va pas retomber aujourd'hui avec l'examen des expertises médicales de Gabriel, les premières attestant de la réalité des viols, les secondes se montrant moins formelles.

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