Au Fond Du Cloaque : Quelques Détails De La ‘Vie Privée' des Députés UMP.

         Certaines personnes ont pu être choquées par la virulence de nos propos au sujet de Mr Laurent Wauquiez, député-maire du Puy-en-Velay (43), suite à sa défense des pédocriminels Frédéric Mitterrand et Daniel Cohn-Bendit à l'automne dernier. Les actes de pédophilie tarifés que se procurait Frédéric Mitterrand ainsi que les relations sexuelles que Mr Cohn-Bendit avait eues avec des enfants d'âge préscolaire qui lui furent jadis confiés, relevaient, selon notre Secrétaire d'Etat à l'Emploi, de leur vie privée. Les attaquer n'était pas très fairplay, selon ce jeune homme, c'était de la « politique de fond de cuve. »

         Mr Wauquiez n'innove pas en la matière. Au contraire, il s'inscrit dans la droite lignée d'une famille de politiciens UMP qui couvrent depuis des décennies de telles activités pédophiles, autrefois nommés, et ceci avec un merveilleux sens de l'esthétique, les ‘ballets bleus' et ‘ballets roses', le tout en fonction, bien sûr, du sexe de la petite victime. Parfois, pour régler des comptes, certaines têtes ‘tombaient', mais alors pas très loin. Ce fut le cas de Mr André Le Troquer, élu le 24 janvier 1956 président de l'Assemblée nationale, après avoir assumé auparavant les fonctions de Ministre de l'Intérieur, puis celles du Ministre de la Défense. Mr Le Troquer eut l'immense tort de s'opposer au Général de Gaulle lorsque celui-ci revint aux affaires en 1958. « Je ne méritais pas ça. C'est le Général de Gaulle qui a exigé que je sois poursuivi ! » « Ca », c'était un an de prison avec sursis lors de son procès en correctionnelle en avril 1960. Les ‘ballets roses' se passaient dans le pavillon de Butard, luxueuse résidence de banlieue gracieusement mise à la disposition des présidents de l'Assemblée nationale et ceci aux frais du contribuable, bien entendu. L'instruction de l'affaire, confiée au juge Marcel Sacotte, avait débouché sur vingt-trois inculpations, dont un commissaire et deux inspecteurs de police, un haut fonctionnaire, des industriels et des commerçants cossus. Mais la plupart des participants à ces ballets roses n'ont jamais été inquiétés. On a parlé, à l'époque, d'un peintre célèbre, d'un chef d'orchestre renommé, d'un ponte de la médecine et d'une chanteuse connue. En revanche, la carrière politique d'André Le Troquer, cet opposant à la Cinquième République naissante, a été définitivement brisée. L'ancien ministre n'a guère survécu au scandale. Il est mort le 11 novembre 1963, après deux années d'une totale solitude. Frédéric Mitterrand, lui, reste en place. Nos mœurs évoluent, mais pas dans le bon sens.

         Il convient cependant de quitter ce monde relativement distingué – après tout, ce ne sont que des adolescentes prostituées qu'on enfourche ici – et de descendre un peu plus bas dans le cloaque pour voir où mènent de telles tendances si on leur laisse le champ libre. Et on leur a bien laissé le champ libre. Par contre, si vous êtes de nature un peu sensible, arrêtez ici-même votre lecture de cet article et prenez une publication un peu moins radicale pour meubler votre soirée. Vous dormirez mieux.

         Il existe dans la région de la Bourgogne une jolie petite ville appelée Auxerre. De 1971 à 1998, cette ville avait pour maire un certain Jean-Pierre Soisson (notre photo de gauche). Mr Soisson a été également, de 1983 à 1988, vice-président du Conseil Général de l'Yonne. De 1986 à 1992 il fut vice-président du Conseil Régional de Bourgogne, puis de 1992 à 2004, Président. Il régnait en suzerain sur ce coin de France. « Mon rapport avec Auxerre est affectif, pas politique » clamait-t-il au journal ‘La Croix' le 21 décembre 1994. « Quand un gamin naît, la famille vient me demander l'inscription en crèche. Après, c'est une bourse pour l'école, puis le service militaire qu'il veut faire ici ou là. Et quand un garçon veut se marier, son père veut que je me renseigne sur la petite. Une fois que je les ai mariés, il leur faut encore un logement … »

         Et si jamais le « gamin » quittait le droit chemin, ne vous en faites pas, dans cette Yonne si paternaliste Mr Soisson chapeautait toutes sortes d'institutions spécialisées pour lui venir en aide. Parmi la multitude, citons l'exemple d'une association grassement subventionnée de l'époque, ‘La Fraternité Notre-Dame', dont l'objet était « la réinsertion de jeunes en difficulté ou sortant de prison ». Son Président-Fondateur s'appelait Mr Georges Fritsch. Mr Fritsch était membre du comité de gestion au CAT (Centre d'Aide par le Travail) de Mézilles, puis ami d'un des fondateurs de l'APAJH (Association pour Jeunes Adultes Handicapés), Georges Decuyper. D'excellentes références. Mr Fritsch fonda ‘La Fraternité Notre-Dame', en réalité, pour la « réinsertion » d'un seul homme, un dénommé Claude Dunand. Ce taulard, matricule 32/46 à la Maison d'Arrêt d'Auxerre, officiellement représentant de commerce, croupissait dans sa cellule depuis 1984 et attendait toujours son procès en 1989, date à laquelle Georges Fritsch a commencé à s'intéresser à lui. Cinq ans de préventive. Une situation objectivement choquante, comme dans tous les cas où la prison avant jugement devient abusive. Georges Fritsch, parfait dévot se revendiquant d'un groupe charismatique, devient visiteur de prison pour apporter tout le réconfort dont il est capable au pauvre Dunand. Puis, le 18 décembre 1989, il écrit au Garde des Seaux de l'époque, Pierre Arpaillange : « Je profite de mes vieilles et excellentes relations avec Monsieur Jean-Pierre Soisson pour vous atteindre directement de façon certaine. Je souhaite attirer votre attention sur … une détention provisoire (six ans) inadmissible concernant un homme qui a maintenant plus de cinquante-cinq ans. » Il s'agit, bien sûr, de Mr Dunand. Puis, le 5 janvier 1990, c'est le Président du Conseil Régional lui-même, Jean-Pierre Soisson, Ministre du Travail, de l'Emploi (comme on s'y retrouve !) et de la Formation professionnelle, qui intervient auprès de son collègue Garde des Sceaux. Claude Dunand obtient rapidement une libération de la Maison d'Arrêt d'Auxerre. Il attendra l'ouverture de son procèès à Mézilles, logé par la Fraternité Notre-Dame qui, par le même biais Fritsch-Soisson a obtenu entretemps une ‘subvention d'investissement' de l'Etat (Ministère de la Justice) à hauteur de 200 000 francs. Et c'est en qualité de prévenu libre qu'en novembre 1991, Claude Dunand, le protégé de Jean-Pierre Soisson et de Pierre Arpaillange, va comparaître devant la Cour d'Assises de l'Yonne. Où il sera condamné à perpétuité.

         Car Claude Dunand n'est autre que celui que la presse locale a surnommé « le sadique d'Appoigny ». Selon ‘L'Yonne Républicaine' : « En 1984, Huguette et Michaëla furent séquestrées, dans un pavillon à Appoigny, par Claude Dunand, un VRP bien sous tous rapports. Bon voisin, bon père de famille, collègue aimable. Mais Dunand n'était, en fait, qu'un dangereux pervers. Il séquestra plusieurs jeunes femmes dans son pavillon situé … allée des Violettes. Viols et actes de barbarie se succédèrent alors. » Huguette et Michaëla, enchaînées sur une croix pendant trois mois pour la première, un mois pour la seconde, subissent viols et tortures infligés par Dunand et les dizaines de clients qui passent au pavillon. Ces derniers n'ont jamais été identifiés. Pourtant, plusieurs témoignages font état de « visiteurs » qui arrivaient au volant de voitures de luxe. Dans le pavillon d'Appoigny, on retrouva un imposant assortiment d'instruments de torture. Fouet, chaînes, godemichés, sans oublier une croix gammée qui servait à brûler les victimes. Toujours selon ‘L'Yonne Républicaine', l'instruction dura huit ans, et Claude Dunand fut libéré, pendant cette période, suite à « une erreur de procédure ». Le quotidien explique : « Le sadique d'Appoigny retrouva un emploi de chauffeur de car et se remaria, pendant que ses victimes couraient les hôpitaux psychiatriques. Huguette, détruite psychologiquement, fit trois tentatives de suicide. Elle pesait quatre-vingt-dix kilos avant sa séquestration, cinquante-neuf seulement trois mois plus tard. Son corps martyrisé avait autant besoin de soins que son psychisme. Plus, peut-être, tant la sauvagerie de Dunand et de ses clients l'avaient meurtrie. »

         Concernant Michaëla, la liste des ecchymoses, des hématomes, des plaies infectées, des brûlures, des lésions dans les muqueuses, des cicatrices récentes constatées par deux médecins légistes, prend trois pages dactylographiées. Sa compagne d'infortune, Huguette, a dû subir plusieurs opérations des seins que la Sécurité Sociale rechigna à prendre en charge. « On me répondait qu'il s'agissait de chirurgie esthétique », dit-elle.

         Claude Dunand fut condamné à perpétuité et son épouse à cinq ans de réclusion criminelle. Les clients courent toujours. L'Yonne Républicaine poursuit : « Des rumeurs persistantes se répandirent alors. On parla de « notables impliqués », de gens connus et donc protégés, mais aucun élément de preuve ne put être fourni, même si Claude Dunand lâcha au cours de son procès : « Il y avait des gens importants. » Quant aux deux victimes présentes au procès, elles ne risquaient pas de reconnaître leurs bourreaux. Elles étaient cagoulées lors des sévices. Et les bourreaux ne parlaient pas. »

         Dans la lettre qu'il avait adressée au Garde des Sceaux le 18 décembre 1989 pour réclamer la libération de son ami, Georges Fritsch insistait, dans sa conclusion, sur l'état d'esprit du prisonnier : « Il commence à paniquer quant à sa réinsertion si celle-ci ne tarde trop. Quand il raisonne ainsi, il ressent comme une injustice d'être le seul de tous les inculpés à rester en détention. » Au fait, il n'y aurait que deux personnes dans le box des accusés : Dunand et son ex-femme.

         On ne peut pas dire que l'enquête fût très approfondie pour ce qui concerne la recherche des ‘clients' du couple infernal. Pourtant, en bons tortionnaires proxénètes, Mr & Mme Dunand tenaient un livre de comptes. Un carnet sur lequel le couple notait le nom des clients, la date de leurs passages et le montant de la passe. Les tarifs étaient affichés dans le pavillon d'Appoigny. Fouetter ou cravacher : 200 francs. Percer ou pincer les seins ou les fesses avec des aiguilles ou des pinces : 300 francs. Percer les lèvres vulvaires avec des aiguilles : 400 francs. Poser un écarteur dans le vagin et l'anus : 500 francs. Ecraser une cigarette incandescente sur un sein : 600 francs. Une affiche, dans la cave, invitait à participer à une soirée « tortures » au prix de 400 francs la place.

         Ce carnet, mis sous scellés au cours de l'enquête a mystérieusement disparu du dossier … dans le cabinet même du Juge d'Instruction. Le même magistrat * instructeur, ensuite en poste dans l'Est de la France, n'a toujours pas amélioré son sens du rangement. Dans deux autres affaires de pédocriminalité qu'il a eues à instruire, les plaignantes ont constaté la disparition, dans le dossier, de pièces qu'elles avaient remises …

                     En 1993, la CIVI (Commission d'Indemnisation des Victimes d'Infractions) examina les demandes d'Huguette et de Michaëla. Claude Dunand fut condamné à leur verser respectivement 500 000 et 200 000 francs, soit environ 500 francs par jour d'enfer. Une somme inférieure au tarif d'une cigarette écrasée sur un sein. Mais Claude Dunand était devenu insolvable. Cependant, son mandataire financier, le Président de la Fraternité Notre-Dame, ainsi que le Directeur d'agence locale du Crédit Lyonnais, sont restés très proches de ce client démuni. Le banquier adressa même une petite carte à en-tête de la banque à Georges Fritsch, le priant « de transmettre mes sincères remerciements à Mr Claude Dunand, ainsi que ceux de mes collaborateurs, pour la confiance dont il m'honore. Et merci à vous, Monsieur Fritsch, d'être le lien qui permet des relations normales. Très bonnes fêtes de Noël et meilleurs vœux pour l'année nouvelle. » Nous n'avons manifestement pas tous la même vision des relations normales que ce banquier infect.

         Huguette et Michaëla, comme les disparues de l'Yonne, étaient placées sous la protection de la DDASS. Les activités lucratives du couple tortionnaire ont été stoppées parce que l'une des deux victimes, Huguette, avait réussi à s'évader le 20 janvier 1984 et à donner l'alerte. Le couple recrutait ses victimes parmi les filles de la DDASS, par le biais de petites annonces proposant du travail.

         Georges Fritsch a rapidement quitté l'Yonne après la condamnation de son ami Claude Dunand. La Fraternité Notre-Dame a été mise en liquidation judiciaire le 22 février 1996. Le Conseil Général de l'Yonne lui avait versé 800 000 francs de subventions sans le moindre contrôle. Un prêtre qui avait fait confiance à Georges Fritsch ne décolère pas : « J'ai appris par la suite que Georges Fritsch, ce faux bigot illuminé, avait quitté la région parisienne après une affaire de mœurs. J'ai toujours été frappé par son efficacité pour obtenir des subventions élevées du Conseil Général, avec la caution de la Préfecture. Comment ne lui aurais-je pas fait confiance ? Il avait ses entrées à l'archevêché. Lorsque j'ai commencé à avoir des doutes, j'ai alerté ma hiérarchie. Et là c'est moi qui suis devenu la bête à abattre. Je me suis retrouvé seul, isolé. Quand mon père est mort, aucun abbé n'est venu à l'enterrement. »

         L'archevêché ne s'est guère ému de l'intervention de l'abbé cité lorsque ce dernier mettait en garde contre les activités du faux dévot. Il n'est pas intervenu non plus dans deux autres affaires mettant en cause deux prêtres du département. Il n'a pas réagi lorsque deux autres scandales ont éclaté dans des institutions catholiques : des professeurs abusaient de leurs élèves au collège Saint-Joseph à Auxerre et au lycée Saint-Jacques à Joigny. La Directrice de ce lycée appartenait cependant à la même congrégation qu'une religieuse Juge des Enfants à Auxerre.

         Quant au sadique d'Appoigny, Claude Dunand, il a obtenu la liberté conditionnelle en 2001. Seuls trois ‘clients' du couple Dunand avaient été identifiés : Georges Ethievant, Paul Lefort et Joseph Quiock. Les deux premiers seront mis en examen. Paul Lefort, qui avait reconnu les faits, sera retrouvé mort en avril 1984. Georges Ethievant, qui avait connu Dunand au Club des Genêts d'Or à Paris, mourra en 1990, peu avant sa comparution en Cour d'Assises. Quiock, quant à lui, avait fourni de ‘solides' alibis prouvant qu'il n'avait pu se trouver dans l'Yonne aux jours mentionnés. Monique, l'ex-femme de Claude Dunand, fera une chute mortelle dans ses escaliers. Danièle Bernard, une infirmière qui a connu les victimes d'Appoigny, est assassinée chez elle à coups de tisonnier après avoir été torturée. Pour l'Adjudant Christian Jambert, gendarme ‘suicidé' le 4 août 1997 de deux balles dans la tête, cela ne faisait pas de doute : Claude Dunand et Emile Louis (photo du milieu) avaient des amis communs. Tous deux ont vécu dans le même village, Migennes. Puis travaillé au même endroit, la gare routière d'Auxerre. Et des enquêteurs de l'époque affirment aujourd'hui que « les clients de Dunand sont les mêmes que ceux qui manipulent la justice auxerroise. » Derrière Emile Louis et Claude Dunand, il y a manifestement des gens bien installés au cœur des institutions et qui assurent l'impunité. Notons que Mme Nicole Charrier, par exemple, amie d'Emile Louis, était conseillère municipale sur la liste de … Jean-Pierre Soisson. Notons pour finir que l'ami Soisson était co-fondateur du Parti Républicain en 1977, puis de l'UDF, avant de rejoindre Démocratie Libérale et l'UMP. Avec Wauquiez (photo de droite), on se retrouve donc dans la même famille politique, avec la même « vie privée » et les mêmes « relations normales. » Des 'secrets de famille' qui se conservent à coups de meurtres et de millions. Pour ce qui concerne Nicole Charrier, directrice d'un foyer de l'APAJH, ajoutons qu'elle avait été témoin de moralité en faveur d'Emile Louis, qu'elle avait qualifié d'« irréprochable ». Son mari à elle, Pierre Charrier, secrétaire général de l'APAJH de l'Yonne, fut tout aussi « irréprochable » en son genre : en 1992 il fut condamné à six ans de prison pour le viol d'une handicapée de vingt-trois ans. Et l'Eglise catholique dans tout ça ? Le dernier mot ira à un habitant (anonyme) d'Auxerre : « Je veux bien vous dire, mais ne me citez pas. Cherchez l'ogre. La calotte et les francs-maçons, ici, sont comme cul et chemise. Vous m'avez compris ? » Oui, on pense avoir compris.       

*   Fort malheureusement, nous n'arrivons pas à savoir le nom de ce Juge d'Instruction protecteur de pédocriminels. Tout lecteur de cet article qui serait en mesure de nous le communiquer est invité à prendre contact avec nos instances régionales ou nationales, de manière anonyme s'il le faut. C'est avec plaisir que nous publierons ensuite le nom du magistrat dépravé, ainsi que le détail de sa situation actuelle, une fois l'information vérifiée.