La vérité si je mens :
BHL nous dit pourquoi il a fait bombarder la Libye...

Louis Denghien

Lundi 21 novembre 2011

«  C'est en tant que juif que j'ai participé à cette aventure politique, que j'ai contribué à définir des fronts militants, que j'ai contribué à élaborer pour mon pays et un autre pays une stratégie et des tactiques.  »

Cette déclaration (pour une fois) bouleversante d'authenticité a été faite le 20 novembre à Paris par Bernard-Henri Lévy à propos de la Libye devant la «  convention nationale  » du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). «  Mon pays  » et «  l'autre pays  » ne désignent pas Israël et les Etats-Unis, comme on serait très tenté de le croire, mais la France de Sarkozy et la Libye. La Libye que BHL s'est suffisamment vanté d'avoir fait bombarder sur un simple coup de fil à Sarkozy, et par-dessus le crâne chauve et le cerveau atlantiste d'Alain Juppé.

Donc, qu'on se le dise, si BHL a déchaîné, tel le dieu de l'Ancien Testament, la foudre de l'OTAN sur les Libyens, attisant la guerre civile et installant au pouvoir des radicaux islamistes, c'est pour des raisons communautaires : «  Je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas été juif » . Décidément, avec BHL, les fantasmes antisémites seraient tentés de prendre corps, et sans doute l'homme fait-il plus de mal à la cause qu'il prétend défendre que toutes les exactions et injustices passées, présentes et à venir du gouvernement Netanayahou .

A ce sujet, on doit reconnaître au personnage, si détestable ou méprisable soit-il, d'incarner un archétype – ou une caricature – commode à appréhender, et à décrédibiliser : histrion médiatique, plagiaire littéraire, faussaire historique, fauteur de guerre, plus américain – ou new-yorkais – que pas mal d'Américains, plus sioniste que nombre d'Israéliens, arrogant, valet des puissances d'argent et des puissances géopolitiques – allez, on s'arrête là – BHL est un ennemi de rêve, presque trop évident. Et c'est une bénédiction – d'un genre certes particulier – que ce monsieur ait pris – ou tenté de prendre – sous son aile l'opposition syrienne exilée, la transformant illico en piétaille américano-sioniste ou, pire, en phénomène mondain : cf la malheureuse Lama Atassi posant à côté de Jane Birkin sur le site 'Pure People'. S'il n'avait que des ennemis de ce genre, le président Bachar pourrait dormir tranquille, même en journée.

De Lawrence d'Arabie à Michel Audiard

A la liste des qualités de l'individu, il faut quand même ajouter celle de mythomane : devant le CRIF, Bernard-Henri Lévy, saisi peut-être par une sorte d'ivresse des cimes, a osé dire : «  Ce que je vous dis là, je l'ai dit à Tripoli, à Bengazi, devant des foules arabes, je l'ai dit lors d'une allocution prononcée le 13 avril dernier sur la grand-place de Benghazi devant 30 000 jeunes combattants représentatifs de toutes les tribus de Libye ». Ben voyons ! BHL faisant de la retape pour Israël devant un public à très forte coloration islamiste, au milieu de leaders fondamentalistes admirateurs d'Oussama ben Laden, c'est l'évidence même ! (mais peut-être l'interprète a-t-il eu, à ce moment, des « difficultés » de traduction …) Quand on songe que même Sarkozy, lors de sa parade express à Tripoli, a fait tenir cet histrion à distance des micros, des caméras et de lui-même, sa garde rapprochée le refoulant à deux reprises et sans ménagement ! Au fait, le regretté Michel Audiard avait, en d'autres temps, fait dire à un de ses personnages : «  Ca ose tout, les cons, c'est même à ça qu'on les reconnaît !  »

Naturellement, ce qui a valu pour la Libye vaut toujours pour la Syrie, du point de vue « BHLien ». Avis aux amateurs de l'opposition syrienne : pour un BHL, un Arabe sera toujours un figurant. Ou, pour reprendre une formulation de Lénine, un "idiot utile" .

Imposture dans l'imposture, en quelque sorte, la «  convention  » du CRIF portait entre autres, sur les «  défis communautaire s » : on peut dire à cet égard que BHL est un défi à lui tout seul !