L'agression israélienne: une dernière carte suicidaire.
Ghaleb Kandil.

Lundi 15 juillet 2013

Après les défaites successives subies par l'agression impérialiste contre la Syrie, le soulèvement du peuple égyptien contre le pouvoir des Frères musulmans, en Egypte, a provoqué un grand choc au sein des milieux américano-israéliens. Cela est apparu dans les déclarations et les commentaires confus qui ont suivi la destitution du président Mohammad Morsi par une intifada sans précédent aussi bien au niveau de la mobilisation populaire que des slogans brandis par les millions d'Egyptiens qui sont descendus dans la rue. La première réaction de Washington a été d'inciter l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis à délier, hystériquement, les cordons de la bourse pour remplir de milliards de dollars les caisses du Trésor égyptien.
Les stratèges américains ont pensé que la prise du pouvoir par les Frères musulmans dans certains pays arabes garantirait une nouvelle période d'hégémonie israélo-impérialiste d'au moins dix ans, sous un habit islamiste.  Ces prévisions se sont basées sur la tradition religieuse des populations arabes, sur les relations organiques tissées par les Frères musulmans avec les centres de décisions occidentaux ces dernières décennies, et sur des pronostics farfelus annonçant la victoire inéluctable des "Ikhwans" en Syrie et la pérennité de leur pouvoir en Egypte. Ces gouvernements établiraient alors, en coordination avec l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, un nouvel axe qui déclarerait la guerre à l'Iran et s'allierait ouvertement à Israël. La fitna serait son principal outil pour détruire l'axe de la résistance dans la région.
La résistance de la Syrie a constitué une puissante gifle qui a faussé les calculs américains et occidentaux. La résilience de la Syrie à l'agression universelle qui la cible est principalement due à la convergence entre une solide volonté populaire, un commandement profondément enraciné dans ses choix nationalistes et une institution militaire idéologique et patriotique. Cette équation a permis de redessiner un nouveau paysage international sur lequel s'est brisée la domination unilatérale des Etats-Unis.
Après l'échec des cartes qatarie et turque dans l'agression contre la Syrie, l'Occident a jeté dans la bataille ses cartes de réserve saoudienne et jordanienne, basées sur un armement massif des terroristes. Nouvel échec. Le troisième volet du plan était construit sur l'option du déploiement en Syrie d'un contingent militaire palestino-égyptien, à travers le front jordanien.
Alors que la résistance syrienne se raffermissait et que des changements intervenaient dans les rapports de force internationaux, le soulèvement populaire égyptien a éclaté, réduisant à néant les espoirs de Washington et de ses auxiliaires de mettre en œuvre le troisième plan.
La rapidité avec laquelle les pays du Golfe ont apporté une aide financière à l'Egypte s'inscrit dans le cadre d'une mesure préventive visant à empêcher l'établissement d'un nouveau réseau de relations entre Le Caire, Moscou, Pékin et Téhéran. Mais ce n'est qu'une vaine tentative de retarder l'évolution naturelle des nouveaux rapports de force internationaux.
Les Frères musulmans sont sortis du pouvoir et ne sont pas près d'y revenir. En Syrie, l'Etat prend le dessus sur les terroristes, et le rôle turc crépusculaire dans le complot contre la Syrie ne sera pas remplacé par une monarchie wahhabite vacillante, minée par les rivalités au sujet de la succession. L'issue suicidaire à cette quadrature du cercle sera-t-elle une agression israélienne contre la Syrie et le Liban?

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